une exposition d'un jour

Publié le par manoeuvres

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une exposition d'un jour

Laurent Faulon
Delphine Reist
Demis Herenger
FM Einheit

Dimanche 9 mars 2008
de 12h00 à 18h00

concert de FM Einheit
organisé par la cave 12

chantier du collège Sismondi
30 avenue de France
1202 Genève

entrée libre


avec le soutien de la République et Canton de Genève


Manœuvres 1/3 est le premier volet de la commande publique que le Fonds cantonal d’art contemporain de Genève a passée à Delphine Reist pour le futur collège Sismondi. L’ensemble du projet Manœuvres se déroulera sur trois ans et comportera trois ouvertures publiques du bâtiment réalisé par le bureau Baillif-Loponte & associés, à différents stades de sa construction. Pour cette première édition, elle a demandé à Laurent Faulon (plasticien français) de concevoir avec elle une manifestation qui investit directement le site. Ils ont choisi d'ouvrir, pour la première fois le chantier au public, une fois le gros oeuvre terminé.
Delphine Reist et Laurent Faulon proposent donc un parcours permettant de visiter la totalité du site, dans lequel s'intègre un ensemble de leurs œuvres réagissant à l’univers de béton brut qu’offre le chantier à la fin du gros œuvre.
Cette exposition d’un jour est accompagnée d’un concert de FM Einheit (ex-Einstürzende Neubauten, groupe-phare de la musique industrielle allemande) organisé par la cave 12, association genevoise très impliquée dans la diffusion des musiques expérimentales.
Projeté dans un conteneur, un film de Demis Herenger forme le premier chapitre d’un plus long-métrage qui témoignera de l’ensemble de ces Manœuvres. Ce film constituera la seule oeuvre pérenne de cette commande publique.

12h00  -  18h00   Ouverture de l’exposition de Laurent Faulon et Delphine Reist.
14h00 et 15h00   Projection de manœuvres/recueil 1, un film de Demis Herenger.
16h00                 Concert de F.M. Einheit, entrée libre

Chantier du Collège Sismondi
30, avenue de  France
Ch-1202 Genève
Tram 13 et 15 ; arrêt Sismondi
Contact: delphinereist@bluewin.ch
Consultez le plan de Genève en lien en haut de la page.

remerciements:
école d'art de l'agglomération d'Annecy, Déconstructions autos-motos SA & a.p. auto-pneus SA (Peney), Atel Tb Romandie SA, Implenia SA, Rampini SA, le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Genève (Mamco).


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Ariane est en grève
(par Christian Bernard)

1. Depuis que l’art (ce qu’on appelle les arts plastiques ou visuels : peinture, sculpture, etc.) est devenu moderne (disons depuis la Renaissance), il a tendu à se dissocier de l’architecture, à s’en détacher au point de faire le plus souvent chambre à part. C’est un lieu commun de rappeler qu’ils n’ont plus de lieu commun.
2. Cette scission n’a pas été sans conséquences. Notamment économiques. Les artistes y ont perdu un revenu, certes ancillaire, quelque chose comme une rente de situation. Mais ils ne voulaient plus pourvoir au décor. La ruse de l’histoire, c’est qu’ils ont continué, sous le régime bien connu de la dénégation, en modifiant les formes de leur collaboration.
3. Les périodes de crise et de progrès ont parfois vu les pouvoirs publics instituer une sorte de taxe sur les constructions publiques (souvent de l’ordre du chiffre symbolique (et misérable) de 1 %), taxe destinée à aider financièrement les artistes en leur achetant des œuvres destinées à prendre place dans les bâtiments publics, ou bien en leur commandant des «interventions» intégrées à ces bâtiments, en liaison plus ou moins étroite avec les architectes. Il en résulte fatalement un type de production artistique assez marginal dans l’histoire de l’art.
4. Delphine Reist n’est pas une artiste docile. Elle a souhaité bénéficier de cette procédure de commande publique mais en obtenant d’en déplacer les usages. Pour les nouveaux bâtiments du collège Sismondi, elle n’a donc proposé ni œuvre mobilière ni application immobilière. Son travail d’artiste consistera en trois occupations temporaires du chantier, à trois moments clés de son développement, étalées sur une période de trois ans. Un travail dans les espaces en construction et dans le temps de cette construction. Une activité éphémère, réversible, dont ne témoignera, à terme, que sa documentation (un film), versée au centre du même nom. Pas de fétiche encombrant mais pas d’amnésie non plus.
5. Delphine Reist travaille souvent selon une logique de squatter nomade. Elle s’intéresse aux rapports de force, mais elle évite les affrontements dissymétriques. Ses occupations temporaires seront l’occasion de réaliser des sortes d’expositions dans le collège en chantier. Donc d’y inviter des visiteurs en dehors des heures de travail. On connaissait les peintres du dimanche : Delphine Reist se fait ici artiste du week-end. Mais, dans l’espace brièvement libéré par les travailleurs, dans le court temps du temps libre, l’artiste ne va pas montrer que son propre travail. Elle convie un autre artiste, Laurent Faulon, mais aussi un vidéaste, Demis Herenger, ainsi qu’un musicien, FM Einheit. L’occupation est collective. Elle est aussi festive : un repas sera à chaque fois offert aux invités. On voit que la commande publique mène à tout, à condition d’en sortir.
6. Delphine Reist nomme Manœuvres ces interventions éphémères. Dans un chantier opèrent évidemment des manœuvres. Et les artistes connaissent souvent des conditions économiques proches de celles de ces travailleurs manuels. Le mot désigne également des exercices militaires ou, plus banalement, des actions. Étymologiquement, il signifie corvée. S’il est une activité qui n’est pas associée à celle de corvée, c’est bien l’activité artistique. Heureuse représentation…
7. Delphine Reist et ses invités manœuvrent donc dans les beaux locaux bruts du collège en construction : installations, projections, documentation, restauration. Ici, un tonneau métallique blanc roule lentement sur le béton, heurtant les limites du périmètre et repartant toujours dans une autre direction, aussi vaine que la précédente. C’est une sculpture mobile qui tourne sur elle-même, une machine célibataire, obstinée et inepte. Un peu dangereuse peut-être. Moins, en tout cas, que l’unité de compte de l’or noir. Là, des tables de jardin, rondes, en plastique blanc, sont disposées, sans chaises, dans le vaste espace d’un futur gymnase. Étrange disproportion de ce volume par rapport aux tables désertées. Dans la salle attenante, une vidéo les montre, moins écartées les unes des autres, quelques bouteilles de bière abandonnées dessus. Laurent Faulon entre en scène, se déshabille entièrement, chausse des baskets rouges et monte sur une des tables. Puis il passe de l’une à l’autre, enjambant le vide, en équilibre toujours plus précaire, souple et maladroit à la fois, performer grotesque, autiste, inquiétant. Les bouteilles glissent et roulent par terre comme le baril : dérisoire Garden Party. Voilà pour donner une idée de l’ambiance. Le reste est à découvrir aux détours du labyrinthe (attention, Ariane est en grève).

Manoeuvres – Kleinere Eingriffe in grössere Zusammenhänge
(Marion Ronca für Kunst Bulletin, mars 2008)

Baustellen werden gerne als die Stiefkinder der Architektur gehandelt, als notwendiges, lautes und unordentliches Übel. Delphine Reist sah das anders, als sie 2004 vom Fonds cantonal d’art contemporain in Genf eingeladen wurde, ein Kunst am Bau Projekt für die Erweiterung des College Sismondi einzureichen. Sie schlug an Stelle eines baulichen Fussabdrucks vergängliche, künstlerische Interventionen in der laufenden Baustelle vor. Am kommenden 9. März wird die damals geplante, öffentliche Begehung des allmählich Form annehmenden und doch ruinenhaft anmutenden Bauskeletts endlich stattfinden. Nebst Delphine Reist wird auch der Künstler Laurent Faulon in der Baustelle intervenieren. Beide sind Experten der  subtilen Eingriffe und Objektplatzierungen und betrachten öffentliche oder gewerbliche Räume nicht nur als inhaltliche Klammern ihrer Arbeiten sondern als unabdingliche Voraussetzung für die Schaffung von Raumbildern. Entsprechend planen Reist und Faulon den fragilen Schwebezustand des rohen Baustelleraums mit kleinen Eingriffen zu katalysieren und für die Dauer von ein paar Stunden in einen Ort der unerforschten Zusammenhänge zu verwandeln. Als weiterer geladener Künstler wird der Musiker FM Einheit von den Einstürzenden Neubauten die Baustelle akustisch bespielen und hoffentlich nur im übertragenen Sinne seinem Bandnamen alle Ehre machen.


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